Après une époque de transition en préhistoire appelée le mésolithique (-10.000 à -7.500 ans avant JC), notre région connut un grand épanouissement au néolithique (-7.500 à - 1.800 environ) avant que ne débute la période de l'âge du bronze (-1.800 à -700 environ).
A cette époque, les peuplades autochtones étaient classées en différents types et connaissaient la poterie, les villages de cabanes et huttes, mais encore les abris sous roche. Ces peuples furent classés par l'intermédiaire de leurs types de poteries : on trouve le cardial (-5.500 à -3.000) avec leur poterie décorée à l'aide coquillage ; la cardium, le chasséen (-3.000 à -2.400 environ), les Lagoziens ou industrie de Trets (même époque), et enfin le courronien et chalcolithique (-2.400 à 2300 environ), puis le campaniforme (-2.300 à -1.800 environ). Cette dernière classification correspond à l'âge du cuivre. On suppose que les néolithiques venus du Moyen-Orient sont arrivés par la mer vers -4.000 avant JC, c'est à dire au moment de l'époque du cardial. C'est eux qui ont introduit l'agriculture, l'élevage et surtout la construction des mégalithes. La construction des dolmens et des menhirs s'est déroulée entre le chalcolithique et le début de l'âge du bronze. Le Centre Var offre un type de construction de dolmens qui est propre au groupe dit "Var", qui comprend en fait les départements des Alpes Maritimes et la partie est des Bouches du Rhône. En France et dans les autres départements du midi, le type de construction des dolmens est classique : une dalle de chevet, deux dalles latérales et une dalle de couverture.
Alors que dans le groupe dit "du Var", la cella (chambre mortuaire) est à un niveau inférieur au raz du sol, il y a une dalle de chevet importante, deux piliers d'entrée qui soutiennent une dalle de couverture dans certains cas. L'existence d'une antichambre marquée soit par des murets, soit par deux petites dalles donne une architecture très spéciale et presque inexistante ailleurs en France.
L'orientation des dolmens varois est pratiquement la même pour tous ces monuments qui sont élevés généralement sur des collines : l'entrée est dirigée vers l'ouest, c'est à dire vers le soleil couchant ou la mort. Lorsqu'on sait qu'un dolmen était un lieu de sépultures, ce détail dans l'architecture peut se comprendre. Cela prouve une chose, c'est que les populations du néolithique, grands agriculteurs, éleveurs et pacifiques avaient des rites propres et des connaissances poussées pour leur époque. On leur attribue d'ailleurs la découverte de premiers embryons d'architecture.
Les dolmens ne sont pas très nombreux dans le Centre Var, en comparaison de certains sites de l'Ardèche, de l'Hérault ou de l'Aveyron par exemple, mais on trouve tout de même de beaux spécimens à Cabasse (3 dont 1 entier à La Gastée), au Luc (2), à Flassans/Issole (1), à Vidauban (1) et 1 tumulus au Cannet-des-Maures. Les menhirs sont encore moins nombreux dans le Centre Var (on les trouve plutôt dans les Maures et l'Estérel) : 2 à Cabasse (qui sont encore plantés), 1 au Luc et 5 aux Arcs (Sommet des Terriers dans les Maures).
La presque totalité des dolmens a été fouillée par Georges Bérard de Cabasse mais il est presque impossible de voir le produit de ces recherches. Toutefois, le dolmen de la Gastée est assez facile d'accès et mérite une visite.
Ils peuvent également partir par de petits sentiers découvrir les dolmens et les menhirs du Centre Var dans les collines. Ces derniers symbolisent une époque heureuse et bucolique que les tumultes de l'âge du fer et des gaulois allaient assombrir.
Eric KALMAR